Le guide complet sur les motifs animaliers

Réels ou fabuleux, sauvages ou domestiques, habillés de poils, de plumes ou d’écailles, les animaux fascinent l’humanité depuis la nuit des temps. Les robes tachetées de certaines espèces sont même devenues de grands classiques qui inspirent continuellement les créateurs pour leurs designs textiles. De leur origine jusqu’aux plus récentes tendances modes et déco, suivez la piste des motifs animaliers.

L’origine et l’évolution des motifs animaliers à travers les siècles

Depuis des millénaires, l’Homme puise dans la nature une source inépuisable d’inspiration artistique, et le motif animalier en est l’une des expressions les plus marquantes. Le choix des espèces représentées varie selon les cultures et les époques, reflétant tantôt la puissance et la noblesse, tantôt la ruse ou la férocité. Dès les premières gravures pariétales, chaque dessin témoigne d’une observation minutieuse du monde animal et de son importance dans l’imaginaire collectif. Qu’il s’agisse de la savane, des plaines ou de la jungle, les artistes ont toujours cherché à capturer l’essence des créatures qui peuplent leur environnement. De simple ornementation à véritable langage visuel, le motif animalier traverse les siècles en s’adaptant aux tendances et aux codes esthétiques propres à chaque civilisation. 

Les motifs ethniques, influencés par la faune locale et les croyances ancestrales, puisent d’ailleurs largement dans l’imaginaire animalier pour créer des compositions riches en symboles et en contrastes.

Les animaux, source d’inspiration depuis l’époque Paléolithique

Les premières représentations d’animaux connues datent d’environ 40 000 ans avant notre ère. Nos ancêtres préhistoriques étaient déjà inspirés par les bisons, chevaux, ours ou rhinocéros qu’ils dessinaient ou gravaient sur des parois rocheuses avec une justesse de trait saisissante. 

Les civilisations anciennes intégraient les figures animales à leurs croyances religieuses. Dans l’Égypte antique, certains animaux sacrés étaient même idolâtrés en tant que dépositaires de la puissance divine. La faune locale était représentée à travers des statues et des bas-reliefs, parfois sous des formes hybrides moitié humaines, moitié animales. Du plus petit insecte au plus grand mammifère, les animaux forçaient le respect, toujours susceptibles d’être une manifestation du dieu Amon, Anubis ou Horus… Ils pouvaient être offerts aux divinités sous forme de momies et étaient d’ailleurs un thème majeur des hiéroglyphes : scarabées, faucons, chats, crocodiles, ibis et autres cobras faisaient partie du répertoire d’idéogrammes. 

Durant l’Antiquité gréco-romaine, les animaux avaient essentiellement un rôle utilitaire dans la vie quotidienne, sur les champs de bataille ou lors des sacrifices religieux. Les vestiges de l’époque ont révélé toutes sortes de motifs représentant des bêtes sauvages ou domestiques (rapaces, reptiles, chiens, chevaux, bovins…) notamment comme éléments de décors de céramiques. Ce regard pragmatique, quasiment dépourvu de mysticisme, explique pourquoi les motifs animaliers étaient surtout ornementaux. Ils se sont progressivement raréfiés dans les arts décoratifs de l’Antiquité, au profit des figures humaines. 

Les motifs animaliers dans l’art médiéval 

L’iconographie médiévale, aussi bien profane que sacrée, montre que la faune occupait une grande place dans les arts décoratifs (sur papier ou autre). Sous l’influence du Christianisme, l’Europe se détourne des cultes païens qui intégraient nombre de croyances associées à la Nature. Considérés comme inférieurs à l’Homme, les animaux demeurent malgré tout des créations de Dieu, ayant la capacité de devenir des messagers célestes. Représentés en tant qu’allégories, ils incarnent désormais des symboles représentant le Bien ou le Mal, Dieu ou le Diable... Sur les vitraux et les sculptures qui ornent de nombreux édifices religieux, le tétramorphe (quatuor composé d’un taureau, un lion et un aigle aux côtés de l’Homme) incarne la puissance divine. La colombe devient quant à elle le symbole de la paix. 

Les figures animalières sont aussi présentes dans l’art profane, des récits chevaleresques soigneusement illustrés aux bestiaires richement décorés. Manuscrits, tapisseries et broderies mettent en scène diverses créatures réelles (cerf, éléphant, renard…) ou imaginaires (licornes, dragons, phénix…) toujours dans le but de véhiculer les traditions bibliques.  

De la Renaissance aux Temps modernes 

L’« inspiration animale » se raffine avec l’essor de la tapisserie et des motifs détaillés dans les vêtements royaux. Bien avant le Naturalisme, les valeurs humanistes s’ébauchent dès la Renaissance, faisant naître la volonté de représenter le monde tel qu’il est. Ce qui n’empêche pas les motifs animaliers de continuer à symboliser les vices et les vertus de l’Homme, ses qualités et ses défauts. Ils constituent peu à peu un véritable répertoire allégorique, utilisé par de nombreux artistes comme un outil permettant d’exprimer des idées abstraites par la figuration.

À partir du XVIIe siècle, la façon de représenter les animaux se veut de plus en plus réaliste. Dépourvus de toute symbolique, les animaux de compagnie s’invitent sur les portraits des grands de ce monde, immortalisés à leurs côtés par les peintres de l’époque. 

Au XVIIIe siècle, les ménageries font découvrir de nouvelles espèces venues de contrées lointaines aux artistes et aux naturalistes. Cette faune exotique devient un thème central de l’imagerie orientaliste et en parallèle, l’usage de peaux d’animaux (zèbre, léopard, tigre…) se popularise dans les intérieurs d’Europe, ainsi que dans les garde-robes.

C’est véritablement grâce à l’essor du commerce colonial que le motif animalier passe progressivement du simple ornement à une véritable déclaration de style et de statut. Inspirés par l’esthétique de créatures venues de contrées lointaines, les dessinateurs d’étoffes cherchent à imiter la nature. Ils intègrent ces nouveaux thèmes graphiques aux tissus destinés à l’ameublement ou aux vêtements. Le motif animalier devient peu à peu récurrent sur les textiles, d’abord en soie, puis en coton, dès la levée de l’interdiction des indiennes en 1760. Il devient un élément iconique de la mode, un symbole d’élégance et de provocation. Notamment le motif panthère, combiné à d’autres motifs (rayés, floraux...) ou porté en total look par les personnalités les plus extravagantes.

L’utilisation du motif animalier dans la mode

Durant la première moitié du XXe siècle, le développement de la production de masse permet de réinterpréter les motifs animaliers grâce à l’impression textile. Les grands noms de la haute couture, Christian Dior en tête, révolutionnent leur utilisation en les intégrant à des collections avant-gardistes. Saison après saison, Balmain, Givenchy, Lanvin et bien d’autres grandes maisons suivront. 

Subversif et provocateur au début du XXe siècle, chic depuis les années 1950, choc dans les années 1970, l’imprimé léopard est adoré ou détesté, mais il est devenu un pattern incontournable, entraînant dans son sillage toutes sortes d’autres motifs de pelage d’animaux.

Aujourd’hui, ces designs à l’esprit sauvage oscillent entre classicisme et modernité, mais ils sont intemporels. Omniprésents dans la mode, ils sont parfaits pour créer des looks audacieux ou pour apporter une dose de sauvagerie maîtrisée dans une tenue.

Les motifs animaliers dans le design textile

Le design textile a joué un rôle majeur dans la diffusion des motifs animaliers. Grâce aux techniques d’impression et de tissage, ces motifs ont évolué en une myriade de variations. Stylisés, colorisés, réinterprétés, les imprimés animaliers et peaux d’animaux se déclinent sur différents types de tissus pour s’adapter à des usages variés : habillement, accessoires ou ameublement... 

Les designers contemporains jouent avec les palettes, les échelles et les textures pour transformer ces motifs en créations actuelles. Si certains designs reposent toujours sur une imitation fidèle de la nature, d’autres transcendent leur origine animale pour créer des pièces beaucoup plus graphiques, voire totalement abstraites. Des textiles d’ameublement au papier-peint en passant par les tapis, l’imprimé animalier est toujours une belle façon d’écouter son instinct… décoratif ! 

Motif "animaux" créé par Sabine Briffox, designer textile sur French Design by Textile Addict

Plusieurs exemples de motifs animaliers

Appliqués aux pièces fortes d’une collection pour monopoliser l’attention ou par touches discrètes pour pimenter une tenue, un intérieur, les motifs animaliers s’invitent partout, y compris dans l’univers enfantin, auquel ils apportent douceur et fantaisie (tout comme les motifs de végétaux et motifs de paysages). Voici une liste des motifs d'animaux les plus populaires. 

Motif tigre 

Dans l’inconscient collectif, le motif tigre symbolise la puissance et la confiance en soi. Ses rayures noires sur un fond orangé ou doré symbolisent la prédation et l’énergie. Utilisé dans la mode, cet imprimé offre une esthétique audacieuse aux vêtements. Les robes ou vestes tigrées sont souvent associées à des looks exubérants. Dans le design d’intérieur, il est parfois stylisé dans des versions très épurées pour un effet contemporain. Le motif tigre est notamment très présent dans les designs pour enfants. 

Motif léopard 

Symbole de sensualité et d’élégance, à la fois sauvage et raffiné, le motif léopard traverse les époques sans jamais perdre de son attrait. Ses taches irrégulières font sensation et créent un contraste visuel idéal pour attirer l’attention. Ce motif est fréquemment associé à des vêtements féminins, tels que les robes et les manteaux. Dans le design textile, les tissus léopard sont utilisés pour apporter une touche de luxe ou d’exotisme.

Motif zèbre 

Côté design, difficile de faire plus efficace que le motif zèbre ! Avec ses rayures alternant entre noir et blanc, il offre un style graphique et intemporel. À la fois audacieux et sobre, ce pattern polyvalent est prisé par les créateurs de mode pour créer des pièces qui se démarquent tout en restant élégantes. En design d’intérieur, il est souvent employé pour habiller tapis ou coussins en amenant une touche ethnique.

Motif girafe 

Caractérisé par des taches brunes irrégulières sur un fond beige, le motif girafe est moins commun que d’autres motifs animaliers. Il se distingue également par sa douceur visuelle. Dans l’univers de la mode, il est utilisé pour créer des tenues exotiques ou bohèmes. Dans le design textile, ce motif est souvent privilégié pour des accessoires décoratifs.

Motif vache

Apparu plus récemment dans la mode que d’autres types de pelages, le motif vache se compose de grandes taches noires ou brunes sur un fond blanc. Ce pattern contrasté et décontracté apporte une note ludique aux créations. Utilisé principalement dans les accessoires ou les vêtements casual, on l’emploie aussi dans le design d’intérieur, pour des coussins ou des tapis à l’esprit campagne ou enfantin.

Motif reptile (lézard, python, crocodile…)

Appréciés pour amener une touche de luxe et de mystère, les motifs reptile sont assez complexes et offrent une texture visuelle unique. Ces motifs constitués d’écailles plus ou moins régulières sont souvent utilisés dans les accessoires haut de gamme, comme les sacs à main ou les chaussures. Ils peuvent être reproduits et imprimés dans des versions colorées ou stylisées, dans un esprit moderne et glamour.

Tableau récapitulatif des principaux motifs animaliers